Ludovic du Plessis (Champagne Telmont) : comment transformer une “start-up centenaire” en référence du champagne bio

Ludovic du Plessis (Champagne Telmont) : comment transformer une “start-up centenaire” en référence du champagne bio

Champagne Telmont : “le meilleur de la Champagne sans aucun compromis environnemental”

Dans Comment t’as fait ?, Julien Hatton reçoit Ludovic du Plessis, dirigeant de Champagne Telmont, une maison née en 1912 qu’il revendique comme une “start-up centenaire” avec une mission très claire : faire “le meilleur de la Champagne sans aucun compromis environnemental”, sous le projet “Au nom de la terre”.

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Derrière la formule, il y a un choix stratégique rare dans le luxe : assumer une trajectoire de transformation profonde, mesurable, parfois contre-intuitive… et la tenir dans la durée. Telmont avance déjà avec 70% de ses raisins en agriculture biologique et régénérative, dans une région où Ludovic rappelle qu’il n’y aurait qu’environ 5% de la Champagne certifiée bio.

Notez la mission de votre entreprise en une phrase, et vérifiez qu’elle guide vraiment vos arbitrages.

Une reprise d’entreprise pensée comme un projet long terme

Ludovic ne “crée” pas Telmont : il reprend une maison existante, et construit son plan en mode temps long. Il insiste sur un point business souvent sous-estimé : en Champagne, le modèle implique de payer le raisin et d’immobiliser du cash, notamment à cause d’un vieillissement minimum de 3 ans, ce qui rend le besoin de fonds de roulement central.

Si votre business immobilise du cash, écrivez noir sur blanc vos besoins de fonds de roulement avant d’“accélérer”.

C’est aussi ce qui explique le choix d’un actionnaire majoritaire solide : Ludovic raconte comment le projet a convaincu Rémy Cointreau (majoritaire) et comment Leonardo DiCaprio est devenu investisseur minoritaire, la mission servant de catalyseur… bien au-delà de l’argent.

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“Quand on vous dit que c’est impossible, c’est là où il faut foncer”

Dans l’épisode, Ludovic partage un message de dirigeant : le progrès naît souvent là où ça dérange. Convertir une maison 100% bio ? On lui dit que c’est “très compliqué”. Supprimer certains codes du luxe ? On lui dit que c’est “mort” commercialement. Et pourtant, l’entreprise avance, et Ludovic affirme constater une croissance positive malgré une démarche qu’il qualifie de “radicale” sur l’environnement.

Listez les 3 décisions “impossibles” qu’on vous déconseille… et testez-en une à petite échelle.

La radicalité qui améliore aussi l’équation économique

L’exemple le plus parlant : Telmont a supprimé tous les coffrets cadeaux. Pas une bouteille avec coffret, même sur des éditions limitées. L’argument est stratégique : dans le luxe, l’empreinte du contenant ne doit pas dépasser celle du contenu ; et “le meilleur packaging, c’est quand il n’y en a pas”.

Faites l’audit de vos “éléments de prestige” : lesquels créent de la valeur… et lesquels ne font que coûter (argent + carbone) ?

Et l’histoire ne s’arrête pas à un discours : Ludovic explique que l’argent économisé sur les coffrets (designer, production, communication) est réalloué pour aider des vignerons partenaires à passer en agriculture biologique, plus coûteuse. C’est un cercle vertueux : une décision produit et marque qui finance la transformation amont.

Cherchez une réallocation budgétaire qui finance directement votre “avantage concurrentiel” de demain.

Mesurer, expliquer, rendre réplicable : la transparence comme stratégie

Telmont reçoit des journalistes, des critiques, mais aussi des CODIR d’autres entreprises : la maison a une masterclass “sustainability” et publie un guide détaillant l’empreinte carbone et les leviers d’action, en parlant de Scope 1, Scope 2, Scope 3.

Transformez vos choix internes en “actifs pédagogiques” : guide, masterclass, visite… ça renforce la marque et la confiance.

Ludovic pose aussi une ambition chiffrée : viser le “net zéro” (et pas juste la neutralité), c’est-à-dire réduire de 90% l’empreinte carbone à horizon 2050, avec une étape de -40% à horizon 2030.

Fixez une cible claire + une étape intermédiaire datée : sans jalon, l’ambition reste un slogan.

Les “petites” décisions industrielles qui font les grands écarts carbone

Autre levier concret : la bouteille. Ludovic rappelle que le poids de la bouteille représenterait 30% de l’empreinte carbone d’une maison de Champagne. Telmont a donc travaillé avec Verallia pour alléger la bouteille standard, en passant de 835 g à 800 g (en 2021).

Repérez votre “poste carbone” n°1 : souvent, ce n’est pas là où l’on pense (packaging, transport, matière…).

Et l’exemple est intéressant d’un point de vue business : Ludovic précise que l’allègement ne change pas radicalement l’équation financière globale, mais que la vraie différence économique vient bien de la suppression des coffrets preuve qu’un geste “vert” peut être rentable… quand il s’attaque au bon endroit.

Identifiez le levier qui a un double effet : réduction carbone + simplification opérationnelle.

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Marketing : “boire moins mais boire mieux” et construire une expérience

Dans un contexte où Ludovic observe une baisse de consommation et une montée du “no-alcool”, Telmont ne vise pas la course au volume : l’idée est d’assumer “quitte à en faire moins”, en phase avec une génération qui veut “boire moins mais boire mieux”.

Si votre marché ralentit, repositionnez votre promesse sur la qualité d’expérience, pas sur la quantité.

Il décrit aussi la “signature” de Telmont : finesse des bulles, complexité, maturité, mais un vin “aérien”, “pas lourd”, et “très peu dosé en sucre”. L’objectif : apprendre à apprécier et rendre le consommateur acteur de son expérience.

Formalisez la “signature” de votre offre : 3 critères simples que vos clients peuvent ressentir et répéter.

Conclusion : une méthode transposable à d’autres secteurs

L’épisode montre une logique de direction très applicable : une mission claire, des arbitrages radicaux, une transparence qui devient un outil de croissance, et des décisions produit qui financent la transformation amont. Et surtout : la capacité à tenir le cap dans le temps long.

Julien Hatton

Fondateur "Comment t'as fait ?"

Entrepreneur depuis plus de 14 ans, je suis passionné d'entrepreneuriat et cherche toujours à comprendre le fonctionnement des choses et comment les autres ont fait.